PIC DU MIDI DE BIGORRE / ECOLE SUPÉRIEURE D’ART DES PYRÉNÉES / site de Tarbes

SKY TO SKY inscrit l’enseignement de l’art dans la perspective d’une histoire du regard et dans un dialogue avec les sciences et les découvertes.



SKY to SKY


*Néologisme anglophile hasardeux et antonyme à l’expression ‘terre à terre’






Le pic du Midi de Bigorre est un extraordinaire belvédère. Il domine la ville de Tarbes où se trouve l’Ecole supérieure d’art et de céramique. Dans l’axe des avenues on aperçoit le Pic mais il est vu de très loin puisque du haut de ces 2877 m il domine la plaine et les contreforts pyrénéens. Il est familier à tous ceux qui vivent quelques années à Tarbes ou dans la région car le Pic nous observe autant que nous le regardons. Cette intimité suffirait à justifier les désirs qu’il suscite. N’aspirons nous pas à monter toujours aux sommets ?
Mais le Pic du midi, à presque 3000 m, est habité, ce qui lui donne une exceptionnelle singularité.

Observatoire météorologique, puis astronomique créé voilà 130 ans, menacé puis réinvesti, il fait partie d’un vaste ensemble, l’observatoire Midi-Pyrénées, dont les missions concernent des domaines scientifiques et techniques très avancés comme l’astronomie, l’astrophysique et la cosmologie ou encore la physique et la chimie de l’atmosphère et des océans, les sciences de la terre. C’est notamment avec l’étude du soleil que le Pic du Midi construira sa renommée grâce à ses coronographes qui permettent l’observation de la couronne solaire tandis que le grand téléscope Bernard Lyot de deux mètres autorise des recherches sur le champ magnétique des étoiles et sur les taches de leur surface.

L’ESAP, école supérieure d’art des Pyrénées, avec ses étudiants envisage de faire du Pic du Midi un prétexte de recherche et de travail et souhaite à cette fin engager une collaboration avec les partenaires du Pic. Ce projet qui pourrait devenir un chantier aux nombreux ateliers propose de multiples pistes d’investigation.
Concepts et thématiques peuvent être réunis selon 4 constellations aux ramifications nombreuses.


MONTAGNE

« Dans les traditions fabuleuses la montagne est le lien entre le ciel et la terre »

L’isolement géographique particulier du Pic du Midi de Bigorre, détaché en avant de la crête pyrénéenne, en fait une montagne dont les dimensions symboliques, bien qu’elle ne soit ni sauvage ni vierge, sont préservées et enrichies par une histoire riche, mouvementée et rythmée par les combats menés pour maintenir l’observatoire en vie. Ici le monastère est un observatoire lié aux aventures scientifiques du XIX ème et à une formidable pulsion scopique. Le sentiment de la montagne y perd un peu du romantisme mais gagne en expériences humaines et sociales.

Le paysage est exceptionnel, la carte postale presque outrageante. Le panoramique à 360°offre un déroulé rare avec une vue lointaine et très étendue, de Toulouse aux cimes espagnoles. La très haute altitude implique des variations constantes de ce paysage de sorte que l’intérêt du voyage tient à une expérience sans cesse renouvelée du dépaysement. La notion de territoire s’en trouve aussi perturbée. Souvent le Pic est au-dessus de la mer de nuages.
Que se soit à pied ou en téléphérique l’ascension au Pic du Midi au pic du midi est une évasion.
Les conditions géographiques, géologiques et climatiques offrent des possibilités diversifiées au rythme des saisons. Aussi les expériences mettront en jeu des matériaux différents en saison sèche, alors que la minéralité du lieu - roches gneissiques, traces rouilles, cailloux - s’impose, tandis que l’hiver, la température change la donne et propose un registre totalement autre dominé par le blanc : neige, glace, givre.
Aux architectures glacées il faut ajouter les éléments fluides : ainsi le brouillard, le vent, les nuages à hauteur desquels nous nous trouvons.




L’OBSERVATOIRE
Les enjeux du regard
Les notions portées par l’idée d’observatoire croisent celles des questionnements du regard, qui sont ceux de notre enseignement. Tout un vocabulaire, celui de l’exercice de l’œil, est ainsi partagé
Posés en parallèle ou à travers la recherche scientifique, les enjeux du regard deviennent actifs : Que voit-on ? Que regarde –t-on ? Qui regarde quoi ?

Au Pic du Midi deux mondes se côtoient : celui du scientifique professionnel et celui de l’astronome amateur. Les uns regardent-ils des écrans, les autres la voûte céleste ?
Les dimensions temporelles, spatiales et de prospection de la recherche astronomique engagent un dialogue étroit avec l’art, en partageant les figures d’anticipation et en articulant des notions d’abstraction, de pensée conceptuelle et d’énergie futuriste. . Fiction et imaginaire perdent pied tandis que, là haut, visible et invisible dialoguent. Il est beaucoup question de croyance et d’utopie.
Navigation à vue et cartographie cosmique. Astronomie et astrologie se sont souvent donnés la main. Historiquement le vocabulaire des domaines investis par l’univers scientifique associe le rêve au fantastique : astronomie, botanique, météorologie, physique du globe, rayons cosmiques, grandes gerbes et rayonnement du ciel nocturne. Les images déjà extraordinaires que la science produit viendront dialoguer avec celles de l’art.
La découverte et le merveilleux sont partagés avec la recherche et la visée scientifiques.

Il est évident que la confrontation avec cet univers très pointu, lui-même producteur d’images et animé par de constantes projections vers le futur comme le passé, donne une échelle particulière à cet échange. L’art ne viendra pas élever le débat déjà situé dans une immensité spatio-temporelle chiffrée en milliards d’années, mais il pourrait bien apporter une dimension sensible, tactile, une fragilité du corps si seul dans cet espace.



LA RÉSERVE INTERNATIONALE DE CIEL ETOILÉ

Préserver la qualité du ciel étoilé est le but que s’est donné l’association PIRENE en envisageant de créer « La réserve internationale de ciel étoilé du Pic du Midi », une première en Europe labellisée par l’International Dark Sky Association.
Les dimensions poétiques de ce beau projet résonnent immédiatement avec les projets de l’art : Défendre la visibilité, protéger une transparence féerique. Préserver la perception. Sauver l’œil.
Sans lumière, celle des étoiles, plus d’image, ni de cinéma, ni de photographie, ni de peinture !
Contre la pollution lumineuse, afin de maintenir l’observation en éveil, qui est source magique et poétique, ne s’agit –il pas de la métaphore parabolique d’une lutte contre l’ aveuglement, contre la saturation des images surmultipliées suivie de leur effacement progressif ?
Ne s’agit-il pas d’ouvrir l’œil, serais-ce à travers un télescope, en se situant à l’opposé du « tout voir », fantasme totalitaire d’une société de contrôle ?
L’image menacée car née de la combinaison de données numériques devenue informatique et informative s’éloigne de notre perception.
Il faut garder la tête dans les étoiles. Le potentiel poétique d’une telle ambition est immense.
La lune / Méliès / la céramique étoilée /



UN SITE TOURISTIQUE ET CULTUREL

L’exploitation touristique du site est un enjeu essentiel qui a permis à la fin des années 90 de sauver le site et l’observatoire. Aujourd’hui le Pic du Midi reçoit 100 000 visiteurs par an. 750 m2 de terrasses découvrent 300 km de chaîne montagneuse. Il accueille un Musée consacré à l’histoire de l’observatoire et à ses domaines d’études : observation du soleil, initiation à l’astronomie et à l’étude de la météo, histoire du lieu. Il associe attrait touristique et curiosité scientifique et ce pèlerinage à presque 3000 mètres, suscité par l’attrait de l’altitude, entretient nos capacités à l’émerveillement.
Lieu singulier en haute altitude il est habité en permanence et y travaille une vingtaine de personnes qui écrivent son histoire illustrée par une séduisante et intéressante iconographie.
Egalement mouvementée et rythmée par les combats menés pour maintenir l’observatoire en vie, l’aventure humaine et sociale qu’il représente pourrait ainsi faire l’objet d’études.





L’Ecole supérieure des Pyrénées et Le Pic du Midi

Pour une école, l’engagement dans un projet de cette nature consiste à se donner un cadre de recherche, aussi vaste soit –il, qui donne lieu à une multitude d’expériences plastiques et de questionnements. Les conditions particulières de ce projet devraient stimuler de nouvelles expérimentations, induire l’usage de matériaux inhabituels, parfois être une découverte complète pour certains étudiants.
Un tel projet élargit le champ de réflexion, participe à un déplacement vers une création originale impliquant une mobilité et la mise en jeu de nouveaux processus de création.
Il sollicite aussi une qualité d’écoute et une ouverture à d’autres univers auxquels les étudiants se trouveront confrontés et qu’ils vont partager.


Un dialogue avec la région


Mais cet investissement veut être un dialogue avec la région, avec sa nature montagnarde d’une part, et d’autre part avec les habitants de la région, ceux qui travaillent au Pic naturellement mais pas seulement car nous avons rapidement compris que ce projet touchait à un patrimoine commun et sensible et qu’il soulevait un enthousiasme attentif.
Notre engagement serait aussi une participation au projet de Réserve de Ciel étoilé qui a su fédérer un ensemble d’acteurs régionaux, départementaux et locaux.
Pour nous, il affirme un ancrage dans la région et à Tarbes. Il donne un sourire supplémentaire au clin d’œil lointain que nous adressons régulièrement au Pic.


Un dialogue avec la recherche scientifique


Dans ce projet, l’observatoire astronomique est essentiel. La confrontation avec un univers scientifique très pointu, lui-même producteur d’images et animé par de constantes projections vers le futur comme le passé donne une échelle particulière à cet échange. Nombreux domaines sont sollicitées: enjeux du regard et histoire de la vision, thématique art et science, anticipation et futurisme …

Parce que nous interrogeons les rapports de l’art à la connaissance cosmologique en quête des origines du monde, notre projet s’inscrit dans une histoire de l’œil et du regard car notre savoir évolue avec la transformation du regard. En convoquant l’origine et le futur du monde, c’est l’avenir du notre société et son utopie que nous observons.


Pédagogie

Ce projet est proposé à l’ensemble des étudiants de l’Ecole, sans obligation et se construit sur leur désir d’y participer.
Les ouvertures du Pic offrent une telle qualité que c’est malgré tout avec prudence que nous devons aborder ce projet afin d’éviter que l’abondance de richesse ne devienne un frein à la dynamique et à la créativité. Si le rôle de l’encadrement consiste à ouvrir et à pointer les champs d’intervention possibles, les étudiants choisiront les jeux et les enjeux qu’ils désirent engager, en ne limitant pas les thématiques abordées.

Dans tous les cas, notre collaboration aimerait développer une richesse de réflexion, une dynamique, une inventivité, autant qu’un voyage poétique, et toute une dimension que l’art, même dans un cadre pédagogique, nous semble contenir et qui trouverait dans ce contexte «galactique » un terrain particulièrement fécond aux imaginaires et aux échappées.

Au mieux, la mise en place d’axes de travail pourrait motiver des constellations de projets qui engagent une collaboration sur plusieurs années.
Les formes de création que nous pouvons élaborer sont multiples. En fonction des préoccupations des étudiants, on peut imaginer la production de travaux de recherche, « d’œuvres », qui feraient l’objet d’exposition sous des formes diverses et en différents lieux. D’autres travaux pourraient s’exprimer sous formes de communications, d’interventions, d’actions évènementielles ou de performances.

Toutes les contributions et tous les partenariats sont envisageables : avec des artistes dans un projet de résidence d’artistes mais aussi avec des institutions culturelles, avec des entreprises et tout partenaire qui souhaitera faire de ce projet un véritable enjeu de recherche et de pédagogie.


ESA des Pyrénées - site de TARBES 2009/2010




L'ESA des Pyrénées a signé
- une convention de partenariat avec L'Université Paul Savatier à Toulouse, dont dépend "L'Observatoire Midi Pyrénées".
Une deuxième convention-cadre pour la mis en place de résidence d'artistes est en cours de signature.
- une convention avec "La Régie du Pic du Midi", responsable du site touristique.