Célestin-Xavier WALTER Vaussenat
(1882 - 1891)

Vaussenat est avant tout un ingénieur. Il consacre tout son temps et son énergie à développer l'Observatoire. Il rase les alentours du sommet pour y aménager des terrasses, construit un bâtiment de stockage (appelé par la suite bâtiment Vaussenat) et le fameux "blockhaus" sur lequel sont installés les instruments de mesure météorologiques. Comme les terrasses sont couvertes de plusieurs mètres de neige huit ou neuf mois sur douze, il creuse aussi un tunnel pour accéder commodément en toute saison au blockhaus à l'heure des relevés météo. Vaussenat invite des scientifiques à mener des expériences dans son observatoire. En novembre 1882, deux astronomes parisiens viennent observer le transit de Vénus sur le Soleil. Mais, à cause du mauvais temps, ils ne parviennent pas à amener leur lourd équipement au sommet et doivent se contenter du col de Sencours. Le 6 décembre, jour du transit, le ciel est dégagé au sommet, mais couvert à Sencours. C'est à cette époque que se situe la seule tragédie majeure de l'histoire du Pic, lorsque les porteurs sont pris dans une avalanche qui cause la mort de trois d'entre eux. A partir de cette date, les porteurs redoublent de prudence, partant toujours de la vallée bien avant le lever du Soleil; ils ne font pas l'ascension quand il vient de neiger et que les risques d'avalanches sont élevés. Parmi les visiteurs estivaux de cette période, il y a deux physiciens qui mesurent la teneur de l'atmosphère en monoxyde de carbone et en ozone en 1881, 82 et 83, deux astronomes parisiens qui font des tests astronomiques du site en 1883 et le trouvent excellent, des officiers géodésiens qui font la carte de France en 1884, Jules Janssen qui observe le Soleil en 1887, un médecin qui étudie les effets de l'altitude sur des chiens, chats, poulets, lapins, en 1890, et deux astronomes lyonnais, également en 1890. A la demande du Bureau Central Météorologique, Vaussenat réalise lui-même une importante expérience de physique atmosphérique entre 1883 et 1885. L'objectif de cette "expérience Lemström" est de produire des aurores boréales artificielles. Selim Lemström est un physicien finlandais qui a réussi une telle expérience dans le nord de la Finlande et en a communiqué les résultats à la communauté scientifique française. Vaussenat achète 200 longues perches en chêne écorcées sur pied, les répartit au sommet du Pic sur 530 mètres carrés et les relie par du fil de fer garni de 10 800 pointes métalliques. Le dispositif expérimental ne produit pas l'effet attendu; par contre, il attire efficacement les coups de foudre, ce qui oblige Vaussenat à s'acheter un nouveau costume et une montre. 




Christine Buci - Glucksmann : La Folie Du Voir - Une Esthétique Du Virtuel 
Edition Galilée - 2002

Que le virtuel et l'oeil technologique mondial constituent aujourd'hui une nouvelle folie du voir, que l'on peut déchiffrer à partir des modèles baroques et modernistes, tel est l'enjeu de ce parcours dans l'immanence du regard. Entre Icare et Protée, l'artifice devient abstract et artefact, art des surfaces et des enveloppes propres à tous les sexes virtuels et à toutes les topologies fluides de l'art comme de l'architecture. Le baroque rêvait d'un oeil qui se voyait lui-même à l'infini, le virtuel l'a accompli.

Aussi cet oeil-monde est-il inséparable d'une théorie de l'image, l'image flux. Mettant en crise toute mimesis ontologique et tout modèle cristallin, elle ne voit pas le temps. Elle est le temps, dans ses dispositifs, ses effets et ses affects. Ce temps fluide, machinique et éphémère, suscite un travail intersensoriel de l'imagination propre à une esthétique post-duchampienne. Une esthétique des transparences et des fluidités qui est aussi une éthique, voire une politique. Car, dans cet icarisme temporel de tous les trajets, souffle désormais une tempête. Celle de Shakespeare, entre pré- et post-humain.





 J’étale la lumière au sol et je la pousse, comme la marée pousserait dans un coin les objets qu’elle charrie. Je la jette contre le mur dans un geste qui l’affecte matériellement. Je ne cherche pas à organiser esthétiquement la lumière. D’ailleurs, elle passera inévitablement pour organisée. De ce point de vue elle est implacable. Elle nettoie tout. C’est quelque chose de beau mais d’un peu inquiétant. La lumière n’a jamais l’air de mal tourner ; elle est toujours à sa place.
Elle se forme, voilà tout. S’il y a un trou, la lumière passera à travers. Il y a aussi cette idée qu’il n’y aurait pas d’obscurité parce qu’il y a toujours de la lumière. En voilà une idée stimulante ! Il y a aussi l’idée que la lumière est la distance la plus courte entre deux points. Il y aura toujours de la lumière entre les étoiles.





Carl Havelange 
De l'oeil et du monde - Une histoire du regard au seuil de la modernité 
Éd. Fayard - 1998

Au XVIe et au XVIIe siècle - au seuil de la modernité -, les cultures occidentales paraissent hésiter, puis se décider entre un ordre " ancien " et un ordre " moderne " du regard.
Le premier est dominé par les figures du même, de la présence, du lien, de la fascination - car voir c'est saisir ou être saisi-, et le second par les figures de l'autre, de l'absence, de la distinction, de la séparation.
Notre culture visuelle, notre manière d'habiter le regard est héritière de cette histoire aux multiples dimensions et péripéties.
Ce livre emprunte plusieurs parcours, retrouvant, sous l'ancienne écorce des mots, les témoignages innombrables servant le projet d'une histoire générale de l'œil et du regard : petit chemin du basilic ou grand chemin du téléscope, éblouissement mystique ou cécité lumineuse de la Raison ; l'œil du loup ou celui de la sorcière, l'œil de Satan, de Dieu ou l'œil de Nature, le regard en perspective du peintre ou de l'anatomiste, l'œil blessé des amants, l'œil de Kepler et le regard de Galilée, l'œil de Gracian qui voit tout et n'est vu de personne, l'œil solitaire de Descartes ou le regard enchanté de l'abbé Pluche.
Tous ces chemins conduisent en quelques lieux de convergence, où se dessine une ample cohérence.



 



Bill Culbert – 1994


Peintre converti à la photographie, Bill Culbert s'étonne d'être le témoin de nombreux phénomènes visuels atypiques. Observateur avisé d'une réalité parfois surprenante il décide de mettre en scène certains évènements auxquels l'oeil ne prête plus garde. La mise en évidence de certaines illusions optiques s'articule souvent autour d'objets de récupération. Mais le fil conducteur de son travail reste l'attrait pour ces phénomènes magiques déclenchés par la lumière.



La passion des astres au XVII ème siècle
De l’astrologie à l’astronomie  - Hachette - 1994

La passion des astres fait état d'un moment capital de l'histoire de la pensée occidentale : l'ouvrage décrit le passage de la pensée magique à la pensée rationaliste et met en évidence la transition entre le règne de l'astrologie et celui de l'astronomie. C'est l'époque où le petit monde de la Cour, les coulisses du Louvre ou de Versailles, les salons bourgeois se débarrassent peu à peu de l'astrologie des empoisonneuses. Et bientôt s'impose une vision purement astronomique du monde, celle qui a reconnu l'immensité de l'Univers, celle où le soleil règne sur la Terre comme au Ciel. Micheline Grenet nous décrit ce lent processus avec précision et brosse avec talent le tableau d'un monde où les problèmes du Ciel et de l'Univers entrent en majesté dans la poésie, le théâtre, les Beaux-Arts...



Micheline Grenet Docteur ès Lettres, a soutenu sa thèse sur l'astronomie et l'astrologie au XVIIe siècle à travers les écrivains. Elle a participé à de nombreux travaux sur le sujet, notamment ceux consacrés à Fontenelle. 
Elle a été durant huit ans secrétaire rapporteur de la Société d'études du XVIIe siècle.






Michel Cassé, astrophysicien

Astrophysicien de renommée internationale, il aime se taxer de « proxénète des étoiles », parce que « payé pour pénétrer leur secret ». Et il jongle sans cesse entre pures données cosmologiques et références philosophiques. Dans un lyrisme revendiqué.
« Je marche sur deux jambes : la raison et l’imagination. L’imagination existe dans l’astrophysique, parce qu’elle a ravi à la métaphysique certains de ses sujets de prédilection : de quoi est né l’Univers ? Peut-il être précédé par une chose encore indicible ? Pour avancer dans ma quête, je la sollicite toujours. Oui ! en tant que chercheur, je laisse venir à moi les intuitions suggérées par l’imagination… Puis je les formalise et, surtout, les vérifie. L’Univers est le censeur : “Non, cela n’est pas vrai”, me répond-il, ou “Oui, c’est dans la bonne voie.” Les intuitions sont multiples, mais les intuitions réalistes sont rares. Alors, quand elles se présentent, ce sont des trésors qui méritent d’être partagés.
J’ai toujours désiré rendre accessibles les avancées de la science. Il me fallait donc trouver un langage pour traduire l’Univers scientifique très mathématisé, donc ésotérique. Le seul que j’ai trouvé est de type poétique. Mais ma quête n’est pas littéraire, elle est rationnelle. Les attributs de la poésie et du lyrisme me permettent de l’exprimer. De même, dans ma démarche, je ne rêve pas l’univers : je calcule mon rêve d’étoiles. »
Il est l’auteur de “Généalogie de la matière” et “Du vide et de la création” 
   



Le miroir noir : Enquête sur le côté obscur du reflet
Arnaud Maillet
Le miroir noir. Enquête sur le côté obscur du reflet
2005. 276 pages. 27 euros. ISBN 2-85162-110-3


Miroir noir… Bel oxymoron… Ainsi débute cette remarquable contribution à l'histoire de la culture visuelle occidentale. Dans cette première étude «panoramique» d''un instrument d'optique largement oublié, Arnaud
Maillet recadre notre compréhension historique de l'expérience visuelle et les diverses significations possibles du miroir noir en mettant cet objet ambigu en relation avec les notions de transparence, d'opacité et d'imagination. Si ce petit instrument d'optique, longtemps confondu avec d'autres, connut une popularité avérée à la fin du XVIIIe siècle dans l'Europe des amateurs de pittoresque, il fut rejeté au XIXe siècle puis totalement oublié (ou presque) de nos jours. Objet scientifique pour les savants, magiques pour les occultistes, cultuel pour certaines civilisations, objets de recherches esthétiques pour les peintres et expérimentales pour les artistes contemporains, ce miroir est également indissociable du désir, de la prothèse, de la mélancolie et de la mort. Il s'agit alors de comprendre que ces divers aspects du miroir noir bien souvent ne s'opposent pas, mais constitue plutôt l'unité homogène, cohérente et fondamentale de toute un pan de notre culture s'articulant autour de l'équation clair/obscur. De Claude Lorrain à Christian Boltanski en passant par Alberti, de Piles, Gilpin, Coleridge, Ruskin, Matisse ou Richter, Le miroir noir nous emmène des origines magiques et occultes du miroir noir jusqu'à ses avatars actuels à travers une série de pratiques picturales et technologiques telles que la photographie, le cinéma et l'art contemporain. Traverser ce miroir sans craindre de s'abîmer dans le côté obscur nous confronte à une évidence: c'est dans l'aveuglement que se constitue le regard. 
Arnaud Maillet, 35 ans, a soutenu une thèse d'histoire de l'art sur esthétique et optique dans l'art du XVIIIe siècle. Le miroir noir est son premier ouvrage.


Histoire de l'observatoire du Pic du Midi
The Mystery of Professor Lemström         
Dali et la science
Le télescope Bernard Lyot